Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/183

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cette injustice ; j’en advertiray monsieur le conseiller Le Bret, qui y mettra bon ordre. N’est-ce pas une grande ingratitude à vostre oncle, ayant receu tout son bien de sa première femme, de vouloir aujourd’huy frustrer son fils de sa succession par des voyes obliques damnables ? Ne sçavez-vous pas qu’elle le prit par amourette, contre le gré de tous les siens, la plupart desquels l’ont desavoüée depuis, et qu’il n’estoit, en ce temps-là, que simple mercier et ferreur d’esguillettes ? Contentez-vous que, pour votre respect, je n’en diray pas davantage.

— Madame, respondit la changeuse, si nous ne sommes de noble extraction, nous sommes pourtant issus de bonne race, et n’avons jamais fait tort à personne.

— Je ne vous dis rien là-dessus, dit l’advocate ; je renvoye l’esteuf au bon homme Rossignol, qui jure qu’on ne se doit jamais fier à ces chatemittes, et soustien que vostre oncle a trompé plusieurs fois son nepveu, l’associant en de mauvaises fermes pour supporter la moitié de la folle-enchère, mais aux bonnes affaires où l’on peut gaigner quelque chose, il ne veut point de compagnon : il me suffit de deffendre le party de mon parent, jusqu’à ce que monsieur son oncle venge sa querelle et fasse regorger son bien à ceux qui l’ont injustement usurpé, et, ne se contentant du revenu, veulent faire perdre le fonds.