Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/207

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l’ait trompé et abusé de la sorte, luy respondit ceste femme d’auditeur ; mais il n’y a si simple qui ne juge qu’il y a eu de la trahison lorsque le duc de Fronsac a perdu la vie5 et que le duc de Montmorency a esté blessé6, car on sçait bien que la jeunesse veut tousjours paroistre, principalement où l’honneur engage les courages ; ce qu’ayant esté recongnu par ceux qui sont auprès du roy, et qui n’ont jamais triomphé qu’aux despens d’autruy, il est à croire qu’on s’est efforcé de faire de nouveaux princes et de nouveaux seigneurs7.

— On tient pourtant, dit la maistresse des re-


5. Le duc de Fronsac, fils du comte de S.-Paul, qui servoit comme volontaire au siége de Montauban, fut tué dans une sortie. (Mémoires du sieur de Pontis, liv. 5, 1622.) Il avoit vingt ans à peine et n’étoit arrivé que depuis un jour devant la place. (Mercure françois, t. 8, p. 814–815.) Le roi écrivit des lettres de consolation au comte et à la comtesse de S.-Paul. (Ibid.)

6. « M. de Montmorency y fut blessé ; le duc de Fronsac, le marquis de Beuvron, Hoctot, le baron de Canillac, Montbrun, L’Estange, Lussan, Combalet et plusieurs hommes de commandement, furent tués. » Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 22, p. 222.

7. Ce n’est encore ici que l’écho d’un bruit qui couroit ; on avoit même été jusqu’à conseiller aux seigneurs, à M. de Montmorency en particulier, de ne pas trop s’engager dans les expéditions entreprises par le connétable. « Et puis faites-vous assommer pour deffendre telles gens, qui ne demandent que la mort d’autrui pour attraper leur dépouille ! C’est pourquoy