Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/219

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dict la tresorière, luy qui est aussi vaillant que son espée, qui est du poil d’un martial et qui mesmes en porte les marques honorables sur le visage ? Ce seroit faire tort à sa generosité que de le priver de la recompense deuë à un grand courage comme le sien, ou, si cela luy manquoit un jour, je dirois que les astres voudroient faire la guerre à leur superieur, qui luy fut tant favorable pour renverser Don Philippin sur le pré20. Mathurine, Mathurine, monsieur de Bassompierre est trop mignard pour beaucoup entreprendre dans la fatigue de la guerre ; il vaut bien mieux qu’il se contienne en la qualité de mareschal de France, et prendre à femme madamoiselle d’Antrague, que d’esperer pretendre plus haut ; car aussi bien les fortunes sont viagères, et aussi fol est celuy qui pense faire prendre pied ferme à ses desseings, que fut autres-fois sot et maroufle le pauvre Guerin, qui servoit de plaisant à la reyne Marguerite21.



coup par droit de courage. Il ne l’eut pourtant pas : il n’hérita de son beau-père que du titre de duc de Lesdiguières.

20. L’affaire de D. Philippin, bâtard du duc de Savoie, avec M. de Créqui, seroit trop longue à raconter ici ; il suffira de rappeler qu’après d’interminables retards apportés par le bâtard, un duel eut lieu enfin entre lui et le duc, le 1er juin 1599, à Quirieux. M. de Créqui, après un combat de quelques minutes, le perça de deux coups d’épée et de deux coups de poignard, dont il mourut peu de jours après.

21. «… Elle avoit chez elle un certain bouffon, nommé