Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/239

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sion d’aller joüer au picquet avec le mary, et ainsi il choisit son heure.

— Hé ! si cela est sçeu à la cour, dit la parfumeuse, luy qui veut avoir un office chez le roy, ce sera une grande incommodité pour le Louvre.

Chacune de ces bourgeoises, à ces paroles, se prindrent à rire de si grand courage qu’il sembloit à les entendre que ce fussent des asnesses dans un pré qui brayassent pour estre couvertes. Et moy qui parle, je fus contrainct, quoy que caché à la ruelle du lict, d’en destacher mon esguillette, craignans de pisser dans mes chausses.

Cecy finy, elles commencèrent à caqueter et à discourir du comte Mansfeld36. L’une disoit qu’il


36. Le comte Ernest de Mansfeld, ne trouvant plus à vivre ni dans le Palatinat ni dans l’Alsace, qu’il avoit ruinés, s’étoit mis à menacer la Champagne. Il avoit passé la Meuse, et s’étoit logé en vue de Monzon. La peur avoit été grande par toute la France quand on avoit su cette entreprise ; on trembloit surtout qu’il ne vînt donner la main aux huguenots rebelles, et que M. de Bouillon ne lui ouvrît ses places frontières. Il n’y avoit que les gens d’expérience qui ne partageassent pas cette panique, dont font foi toutes les pièces du temps (les Grands jours tenus à Paris par M. Muet, etc., p. 29 ; les effroyables Pactions faites entre le diable et les prétendus invisibles, etc., p. 21). Malherbe fut de ces gens rassurés ; très tranquille, il écrivit de Caen