Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/270

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part d’aujourd’huy sont si orgueilleux, que, mesprisans le lieu d’où ils sont venus, s’accommodent en princes et grands seigneurs ; tel aujourd’huy n’a pas cinq sols vaillant, qui fera autant de parade comme s’il avoit de grands biens et possessions.

Une qui n’avoit parlé : Il ne faut, dit-elle, pas aller si loin : madame le Doux en peut porter tesmoignage. Voulez-vous voir chose plus poupine que sa fille ? Il n’y a que deux jours qu’elle estoit fille de chambre au logis de M. de Chevreuse, et maintenant elle porte autant d’atours que la plus grande dame de la cour ; mais pourtant elle a beau se parer, ny son masque ny ses perles ne luy blanchiront point le teint.

— Aujourd’huy, dit une marchande de perles, les damoiselles (à ce que je peux voir à la vente) observent que plus elles sont blanches, plus les perles qu’elles acheptent sont noires ; ou au contraire, si une dame est un peu brunette, elle marchandera des perles les plus blanches qu’on pourra trouver.

— Voyez-vous plus grande superbe et arrogance que celle de madame Clairmonde, qui depuis un mois s’est faite damoiselle, aux despens de son mary, qui porte les cornes ? dit une de son quartier. Depuis qu’elle a commencé à porter le masque, elle en est si orgueilleuse, que, mesme à l’eglise, elle ne le deferoit point pour tout le