Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/294

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vous diray, ma mère ne m’en a pas donné le conseil ; aussi mon mary m’en affectionne fort, et, d’autre part, on n’en peut caqueter comme on faict des autres.

— Quoy ! Madame, dit une marchande de la ruë Sainct-Denis, estes-vous si sage et si retenue que de laisser passer votre jeunesse de la sorte ? Pour moy, je vous asseure qu’il faut que je passe mon temps et que je paroisse, quand mon mary devroit faire encor une fois cession. Hé ! que ne doivent point faire les femmes22 [de quelle liberté ne se doivent-elles point servir ? qu’est-ce qui doit servir de frein à leurs actions ?], puis que les filles s’emancipent bien quand on attend trop à les marier ? J’en cognois une de nos quartiers, laquelle je vous asseure estre bien advisée selon le temps.

Cela esmeut madame la relevée de sçavoir qui estoit ceste fille et ce qu’elle avoit faict pour son contentement, et, pour le sçavoir, dit à madame la marchande : Madame, obligez-moy tant que je cognoisse la fille que vous dites n’avoir faict difficulté de se pourvoir.

À quoy respondit ladite marchande que c’estoit la fille d’un pourpointier, qui avoit si bien practiqué sa mère de l’habiller à l’advantage que, peu de temps après, faisant comme le paon, qui se mire


22. Var. Le passage entre crochets manque au Rec. gén.