Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/310

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Milan et abiles gens, qui sont plus sots que je ne suis beste de plus de trois demy-septiers. Considerez (s’il vous plaist) que je passe mon temps gaillardement et sans melancholie. S’il me tourne sur l’ennuy, je vais visiter ma bonne amye, qui me fait manger de la souppe à l’hissope3 toute de graisse et du lard jaune comme fil d’or, et au bout de la carrière mon paillard escu, avec le : Jusqu’au revoir, Mathurine. Mais aussi je suis tousjours preste à ses commandemens et au service des gallands hommes ; paix ou guerre, à toute heure, mon harnois est en estat, car je le fais souvent fourbir avec un guimpillon fait à l’occasion et au contraire de ceux qu’on met dedans les pintes, car il est pelu au derrière du manche, et ceux-là le sont au devant. Vive la follie ! c’est mon gaigne-pain. Parbleu ! Tabarin proffite plus avec deux ou trois questions bouffonnes et devineries de merde, ou de la chouserie, que ne fait son maistre avec tout son questo e un rimedio santo per sanare tuti gli morbi, parceque le monde ne veut plus que du badinage ; aussi finit-il par la farce, afin qu’on se souvienne d’y retourner. La sagesse de ce monde est folie devant Dieu ; cela me fait esperer que je seray en ce pays-là recompensée de double pitance, car je suis folle en cestuy-cy


3. C’est-à-dire une soupe bien odorante. L’hysope étoit une plante parfumée.