Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/321

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me seroit un grand bonheur si, par vostre moyen, je pouvois rencontrer cette science et arriver à mes intentions !

— Voulez-vous que je vous dise, Monsieur ? respondit la vieille ; je ressemble aux archevesques : je ne marche point si la croix ne va devant. — Je l’entends ainsi, ma bonne amie, dit le caqueteur ; voilà de quoy rire. — Baillez, Monsieur : à laquelle en voulez-vous ? Dictes-moy seulement son nom, et je la contraindray de venir coucher avec vous. Nostre homme, frottant ses deux bras et demy extasié, la luy nomme, prennent heure et complottent ensemble : de sorte qu’elle luy meine coucher une sienne camarade, hideuse et difforme, capable de faire mourir un delicat. Il prit son desduit avec elle. Le lendemain, voulant contempler son beau sujet au jour, se pasma de honte et de peur, croyant que ce fust Proserpine. Il voulut fuyr ; elle le suit, disant : « Payez-moy. Mercy Dieu ! est-ce ainsi que vous renvoyez le monde après vous en estre servi19 ? » Et trois ! Aussi, en mesme temps, le medecin luy avoit promis certaine drogue pour le rendre plus robuste au jeu d’amour, et d’effect fist son ordonnance, laquelle fut expediée par un apothicaire qui fist le quipro-


19. Réminiscence d’un passage de Larivey. V. la Vefve, (comédie imitée de la Vedova de Nic. Bonaparte, dans l’Ancien théâtre françois, t. 5, p. 195.