Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/42

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Si bien garniz et si très bien à poinct,
Que mieulx en ordre ne sçauroit estre poinct.
Ung lict d’anticque peint d’or, d’asur et d’acre,
Au bort du quel, pour servir de soubdiacre,
Maint ung muguet, trouvères et causeur.
Prothonotaire, ou bien aultre jaseur,
Qu’entretiendra icelle dicte dame
Sans honte avoir, en cestuy monde deame.
Sur une chaire le gallant est assis
Qui de pareilles aura bien cinq ou six,
De fin velours, de drap d’or ou broché ;
Sur celles chaires par grand gloire couché ;
Lict et couchette, et chambre ou morte soye,
Sont tous garniz de drap d’or ou de soye.
Si la chambre est parfumée et parée,
N’en faut parler ; elle est équiparée,
Ou bien y a encor plus de richesse
Qu’en nulle chambre de grand dame ou duchesse,
Et si n’ay paour que disse chose vaine
Quand je diroys qu’est plus fort d’une Royne.
Du demeurant, s’il est bien, Dieu le sçait !
Dessus son corps elle porte un corset
D’ung fin drap d’or frizé, pour vray le diz,
Fourré de martres ils ont veu plus de dix ;
Et qui pis est, sans que du propos sorte,
Tous les dimanches en a changé de sorte.
De menestriers, puisqu’il faut que le dye,
Et d’instrument y a telle melodie,
Tant de chansons, d’orgues et de plaisir,
Que vous n’auriez certes aultre desir
Que d’escouter leurs accords et cadences,
Et compasser maintes sortes de dances ;