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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/97

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ces publicques, il n’y a point de danger de faire quelques fois ces superfluitez, quand on y est porté d’une pure et sincère affection. Et puis, ce que les Carmes deschaussez en ont fait, ce n’a esté que par le commandement de la reyne, qui a fourni ceste despence, à cause que saincte Therèse estoit d’Espagne5. — Il n’importe, on y a plus offencé Dieu mille fois que lui faire honneur, dit une bourgeoise d’auprès Saint-Leu. Je vous promets, pour moy, que je n’approuve aucunement ces choses. Combien pensez-vous qu’il y ait eu de filles enlevées ? Tous les bleds des environs sont renversez et bruslez ; il ont trouvé le mois d’août plustost que celuy de juillet. — Pour moy, dit la femme d’un advocat du grand conseil, j’eusse esté d’avis de mettre toutes ces superfluitez à la decoration de leur eglise ; à tout le moins cela leur fust demeuré, et les eust-on estimé d’avantage, sans faire evaporer tant de richesses en fumée ; cela eust allumé le feu de devotion dans le cœur de ceux qui les eussent visité, où, au contraire, tout l’air voisin et les champs des environs ont esté embrasez de leur fuzées ; j’ay encore un colet monté à cinq estages6 qui est entièrement


5. « La reyne fit la despense des artifices qui jouèrent sur le haut de l’église des Carmes deschaussez de Paris. » Le Mercure françois, t. 7, p. 409.

6. L’un des ajustements à la mode que les bourgeoises ne devoient pas se permettre : « le col garny d’affiquets, de