gnon ; mais je ne vis jamais tant de fautes : en tous les lieux où il falloit un V, il y avoit mis un Y grec8 ; je ne sçais pas si c’est pour declarer à tout le monde que mon mary porte les cornes.
— Porter les cornes, dit la femme d’un conseiller de la Cour ! il y a plus de dix ans que mon mari en porte quelques unes, qui l’accompagneront en fin jusques au tombeau ; aussi bien a-il desjà un pied dans la fosse ; rien ne luy servira d’avoir une barbe reverende et une calotte à l’antique.
— Tout beau, ma cousine, dist la femme d’un Maistre des Comptes : il ne faut jamais scandaliser son mary, principalement en une bonne compagnie. Il faut empescher tant qu’on peut les langues de mal parler, et particulièrement d’un bon vieillard comme vostre mary ; cela est mal seant : le bon homme n’y songe pas peut-estre ; encor faut-il porter quelque respect à sa barbe.
— Mais à propos de barbe, dit une de la rue Sainct-Honoré, je vois quelquefois passer un prelat, je ne sçay s’il est evesque ou archevesque9, mais je ne vis jamais une telle barbe ; on dit qu’il
8. Les plaintes étoient fréquentes alors contre la façon incorrecte dont les livres étoient imprimés ; on peut lire notamment à ce sujet un passage du Perroniana, 3e édit. in-12, p. 168.
9. Si le cardinal de Guise, archevêque de Reims, n’étoit mort à Saintes le 21 juin 1621, c’est-à-dire un an avant que