Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/11

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— Il en sortira des noyaux de courge, répondit une voix de l’autre côté, en faisant allusion à la ressemblance du docteur avec une citrouille.

— Qui veut de la courge grillée pour un centime ? Zucca ! Zucca ! Zucca ! cria quelqu’un, en imitant la mélopée singulière des marchands de comestibles vénitiens.

— Ne quitteras-tu pas tes compagnons, pour venir un instant vers nous, belle Zoccolina ? dit l’un des masques de la première voiture.

— Non certainement, répondit l’enfant gâté de la foule. Car si j’allais vers vous, j’aurais peur de ce moine affamé qui mangerait toutes mes grenades. Le Turc me cacherait le soleil avec son turban ; et quant au docteur, je voudrais l’attacher au bout de son grand bâton pour en faire une bassinoire.

— Brava Zoccolina ! brava ! crièrent cent voix, qu’accompagnèrent de bruyants éclats de rire.

— Méchante ! je ne pleurerai plus quand Othello t’étranglera, dit le docteur.

— Et moi qui lui avais fait un sonnet, continua le moine en prenant une prise de tabac.

— Voyons ton sonnet, lui demanda-t-on de toutes parts.

— Où je la comparais au rossignol qui sait nous enchanter malgré sa laideur, reprit-il.

 
Come il canter d’April, che in veste bruna


— Assez, assez, interrompirent les compagnons de la cantatrice. C’est toi qui es laid comme un Diogène.

— Puisse le diable t’emporter dans la caisse de ta contrebasse ! répondit le moine.

— Est-ce la nymphe Circé qui vous a changés en bêtes ?

— Et celui-là qui crève dans sa peau comme une figue mûre !

— À bas l’arlequin !

— On ne jette pas de pommes cuites. »

Telles étaient les exclamations qui s’échangeaient entre les