ou des livres presque tous des premiers temps de l’imprimerie. Celui qui aurait tiré, au hasard, quelques-uns de ces ouvrages du monceau où ils gisaient, aurait lu des titres bizarres, propres à confirmer les bruits qui circulaient sur le compte de leur propriétaire. Il aurait trouvé là le traité de Psellus, De lapidum virtutibus ; Bradwardin, De quadratura circuli ; Burgrave, De existentia spirituum nervosorum ; le livre célèbre de Cornisius, De invocatione et evocatione, quoique défendu par un fermoir de fer, paraissait plus usé que les autres, honneur que lui disputait cependant l’in-folio du savant Panvinio, De sibyllis et carminibus sibyllinis, imprimé à Vérone, en 1567.
Il y avait aussi, dans ce fouillis, des livres de droit et de médecine, depuis les neuf énormes volumes de Bartole, qui eurent chacun, dans leur temps, le nom d’une Muse, jusqu’à la petite monographie de Courcelles (Descriptio musculorum plantæ pedis), sans oublier l’ouvrage épineux et savant, De morbis muliebribus, publié par le professeur Bottoni, à Padoue, en 1585, sous les auspices de l’Université. Toutes les sciences paraissaient rentrer dans le cercle des connaissances de Cornelio. Il avait étudié aussi la philosophie, car un œil exercé aurait distingué bien vite, parmi la foule, un exemplaire précieux du subtil théologien Somebody, De conditione Adami in paradiso et an ideas abstractas habuerit ante peccatum. Que dirons-nous de plus ? Conrad Rango était là aussi avec son titre, que nous n’inventons pas, De Capillamentis, vulgo PERRUQUES, liber singularis, 1663. Bref, toutes les sciences avaient leur représentant dans ce chaos d’érudition vaine ou sérieuse, dont la confusion figurait assez bien la Babel de l’esprit humain, au- dessus de laquelle planait le dragon de l’écriture.
Hélas ! trois fois pitié pour vous tous, manœuvres souterrains de l’intelligence, qui enfoncez le pic dans le rocher ingrat au-delà duquel vous croyez trouver la vérité ! Ne voyez-vous pas le démon du mal, qui vous inspire, se rire de vos travaux infructueux ! Il sait bien, lui, que vous ne retirerez qu’un