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PRÉDICTION DE WOLA-LA-SAVANTE.

me souviens de neuf mondes[1], de neuf ciels ; j’ai vu briller la matière première bien avant dans le terreau.

3. Le matin appartenait au temps, lorsque Ymer se mit à bâtir ; il n’y avait alors point de sable, point de mer, ni de vagues fraîches. La terre n’existait pas, ni le ciel élevé ; il n’y avait point de gazon, mais seulement l’abîme de Ginnung.

4. Jusqu’au moment où la voûte céleste fut soulevée par les fils de Bœr, ces créateurs magnifiques de Midgôrd, le soleil n’envoyait ses rayons que sur des montagnes glacées ; mais depuis lors, des plantes vertes ont poussé sur le sol.

5. Le soleil, cet ami de la lune, tendit avec vivacité sa main droite au sud, sur les chevaux du ciel. Il ne savait pas où étaient ses maisons, les étoiles ne savaient où se fixer, la lune ignorait le pouvoir dont elle était douée.

6. Alors toutes les puissances, les dieux saints, se dirigèrent vers leurs trônes pour entrer en délibération. Ils donnèrent des noms à la Nuit et à ses fils. Le Matin, Midi et le Soir furent chargés de compter les années.

7. Il y avait alors des Ases dans l’enceinte du rempart d’Ida ; Hœrg[2] et la maison des dieux y dres-

  1. Trois fois trois ou le nombre neuf ont joui d’une grande faveur chez les Scandinaves. Les mêmes nombres, appliqués aux mondes, aux habitations, au temps, sont également en usage dans la mythologie indienne. (Tr.)
  2. On donnait ce nom à l’endroit le plus saint, ou à une idole placée dans la salle des sacrifices, et que l’on aspergeait de sang. (Tr.)