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premier poème sur gudrun.

d’orner et d’attacher tous les matins la chaussure de la femme du chef de l’armée.

10. « Elle me persécutait par jalousie, et me chassait devant elle en me frappant avec rudesse. Jamais je n’ai vu un maître meilleur ni une maîtresse plus mauvaise. »

11. Mais Gudrun ne pouvait pleurer, tant elle éprouvait de douleur de la perte de son époux, tant elle était affligée de la mort du roi.

12. Gullrœnd, la fille de Gjuke, dit alors : « Ma mère adoptive, malgré ton jugement, tu ne sais guère comment il faut parler aux jeunes femmes. Elle a ordonné de couvrir le corps du roi. »

13. Et Gullrœnd ôta vivement le drap qui couvrait Sigurd, elle tourna les joues du héros vers les genoux de sa femme. « Regarde ton bien-aimé, pose tes lèvres sur celles du roi, que tu as pressé dans tes bras quand il vivait. » —

14. Gudrun jeta un regard sur Sigurd ; elle vit les cheveux du roi trempés de sang ; ses yeux brillants étaient éteints ; sa poitrine était déchirée par le glaive.

15. Alors Gudrun tomba en arrière sur le coussin, le bandeau de ses cheveux se détacha, ses joues rougirent, une goutte de pluie tomba sur ses genoux.

16. Et Gudrun, la fille de Gjuke, pleura ; ses larmes coulèrent avec violence ; les oies, ces magnifiques oiseaux qui appartenaient à Gudrun, joignirent leurs cris aux siens.