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le chagrin de gudrun.

3. Mes frères m’envièrent à la fin le bonheur d’avoir pour époux le plus illustre des hommes. Ils ne purent ni dormir ni juger les procès avant d’avoir fait périr Sigurd.

4. On entendit du bruit, Granne accourut à l’assemblée du peuple, mais Sigurd ne parut pas. Tous les chevaux étaient tachés de sueur et couverts du sang des combattants.

5. J’allai trouver en pleurant Granne, qui était mouchetée de sang ; je lui parlai de mon époux. Le fidèle animal baissa tristement la tête : il savait que son maître n’existait plus.

6. Je marchai longtemps, je fus longtemps dans l’incertitude, avant de questionner les princes sur mon roi.

7. Gunnar était debout et triste. Hœgne m’annonça la mort douloureuse de Sigurd. « Le vainqueur de Guttorm est étendu de l’autre côté du fleuve ; il a été abandonné aux loups.

8. « Cherche Sigurd au Midi, tu y entendras les corbeaux s’entr’appeler ; tu entendras crier les aigles ravis de cette pâture ; autour de ton mari hurlent les loups. »

9. Comment Hœgne peut-il m’annoncer de semblables infortunes ? Les corbeaux devraient déchirer ton cœur et en disperser les débris au loin, plutôt que de te laisser vivre.

10. Une grande affliction appesantissait l’esprit de