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Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/66

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LE VOYAGE DE GYLFE.

dit-il ; tu l’amèneras ici : que son père y consente ou non, et je te récompenserai. » Skirner se chargea du message, mais à la condition que Frey lui donnerait son glaive, arme excellente qui combattait seule et sans le secours de personne. Frey ne fit aucune difficulté pour accepter cette proposition, il donna son glaive à Skirner. Le page partit et remplit sa mission auprès de Gerd ; il en reçut la promesse qu’après neuf nuits elle se rendrait à Barœ, pour y célébrer ses noces avec Frey. Lorsque Skirner dit à son maître le résultat de sa négociation, Frey chanta :

« Une nuit est longue, deux nuits sont longues, comment pourrais-je en passer trois dans l’attente ? Souvent un mois m’a semblé plus court que la moitié d’une de ces nuits. »

Voilà pourquoi Frey était désarmé lors de son combat contre Belje, qu’il tua avec un bois de cerf. — Ganglere dit : Il est fort extraordinaire qu’un guerrier comme Frey ait pu consentir à se priver d’un aussi bon glaive, sans en avoir un autre d’égale valeur. Cette perte lui donna beaucoup de désavantage dans sa lutte avec Belje ; je présume qu’il regretta alors sa générosité. — Har répondit : Ce malheur avait peu d’importance relativement à Belje, Frey aurait pu le tuer d’un coup de main ; mais cette circonstance sera bien autrement fâcheuse pour lui, quand les fils de Muspelhem s’armeront en guerre.

38. Ganglere continua : Tu m’as dit que tous les