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Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/72

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LE VOYAGE DE GYLFE.

l’architecte de terminer son travail à l’époque fixée. Loke eut peur, et jura d’arranger les choses de manière à ce que l’architecte ne reçût point la récompense promise. Le même soir, le géant sortit pour aller chercher des pierres avec Svadelfœre, et une jument accourut de la forêt en hennissant. Aussitôt Svadelfœre devint rétif, cassa la bride et courut après la jument ; mais celle-ci se sauva dans le bois, et l’architecte la suivit pour rattraper son cheval. Ils coururent ainsi toute la nuit et l’ouvrage s’en trouva négligé. Le jour suivant, on ne travailla pas comme de coutume, et l’architecte, voyant que le château ne serait pas terminé, fut pris de la rage des géants. Les Ases ayant acquis la certitude qu’ils avaient reçu chez eux un géant de montagne, n’eurent plus aucun égard aux serments qu’ils avaient faits. Ils appelèrent Thor, qui vint de suite, souleva Mjœllner, et acquitta la dette contractée pour la construction du château ; le géant ne retourna point à Jœtenhem. Du premier coup, Thor lui brisa le crâne en petits morceaux et l’envoya à Niflhem ; mais Loke avait été poursuivi si vivement par Svadelfœre, que peu de temps après il donna le jour à un poulain gris qui avait huit pieds : c’est le plus excellent des chevaux. Il est dit dans Wola :

« Alors toutes les puissances, les dieux augustes, allèrent s’asseoir sur leurs trônes, et se demandèrent qui avait infecté l’air, ou promis de donner la femme d’Od à un rejeton des géants.
« Tous les serments, toutes les promesses et les conventions furent