Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
LE VOYAGE DE GYLFE.

comme un badinage de lutter avec toi. » Puis il ajouta : « Faisons appeler la vieille Ellé, ma nourrice ; Thor essayera ses forces contre cette femme, s’il le veut. Ellé a vaincu des hommes qui paraissaient plus vigoureux que lui. » — Une vieille femme entra dans la salle, et Loke d’Utgôrd lui dit de lutter avec Asa-Thor. Plus celui-ci faisait d’efforts, plus Ellé tenait ferme, et aussitôt qu’elle commença à donner des crocs-en-jambes, Thor chancela, et de rudes secousses s’ensuivirent ; il ne tarda point à tomber sur un genou. Loke d’Utgôrd s’avança en invitant les combattants à cesser leur lutte, et il ajouta que Thor renonçait sans doute à mesurer ses forces avec d’autres personnes de la cour. La nuit approchait : Loke d’Utgôrd désigna des gîtes pour Thor et ses compagnons ; ils y restèrent jusqu’au lendemain et furent bien traités.

47. Le matin suivant, dès que le jour parut, Thor et ses compagnons se levèrent ; ils s’habillèrent et se disposèrent à se retirer de suite. Loke d’Utgôrd survint alors, fit avancer une table bien garnie de vivres et de boissons. Au moment de se séparer de Thor, il lui demanda ce qu’il pensait de son voyage, et s’il reconnaissait qu’il avait trouvé quelqu’un plus fort que lui. — Thor répondit : « Je ne puis rien dire, sinon que mon expédition m’a valu beaucoup de honte. Vous allez me traiter en homme sans considération, ce qui me cause un grand dépit. » — Loke d’Utgôrd répondit : « Je te dirai la vérité, maintenant que tu es sorti de mon