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LE VOYAGE DE GYLFE.

mon chat, et, en vérité, nous fûmes tous fort effrayés lorsque l’une des pattes de cet animal abandonna le plancher ; ce n’était pas un chat que tu soulevais, mais le serpent de Midgôrd, dont le corps entoure la terre. À peine s’il fut assez long pour tenir à la terre par sa tête et sa queue, et tu le soulevas à une telle hauteur, qu’il touchait presque au ciel. Tu opéras encore un grand prodige en luttant contre Ellé (la vieillesse) ; jamais elle n’a été, jamais elle ne sera vaincue par les personnes qui atteignent un âge avancé. Il faut nous séparer maintenant. Dans notre intérêt à tous deux, je te conseille de ne plus venir chez moi ; mais si tu voulais encore tenter cette aventure, je défendrais mon château par les artifices, et tu ne pourrais rien contre moi. » Lorsque Thor entendit ce discours, il saisit son marteau, le souleva ; mais au moment de frapper, il ne vit plus Loke d’Utgôrd. Il retourna alors vers le château, bien décidé à le détruire, il était remplacé par de belles et vastes plaines. Thor retourna donc à Thrudvang, et se proposa, durant ce voyage, d’essayer s’il ne pourrait point mettre la main sur le serpent de Midgôrd, ce qui arriva plus tard. Personne ne pourra te raconter plus véridiquement que je ne l’ai fait ce voyage de Thor.

48. Ganglere dit : Loke d’Utgôrd doit être un homme très-puissant et fort occupé de visions et de magie ; les courtisans si puissants qu’il possède augmentent beaucoup la considération dont il jouit ; mais Thor ne