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être à moitié ceci, à moitié cela, on dit : Il n’est pas Juif, mais il joue le Juif. Ce n’est que quand un homme prend l’esprit du baptisé et du sectaire, qu’il est réellement Juif, et qu’on lui en donne le nom. Il en est de même de nous : nous n’avons pas été baptisés ; nous sommes Juifs de nom et pas de fait. Notre esprit ne répond pas à notre langage… » (Liv. 2e, ch. 9e.)

Nous avons pris les mots τοῦ βεβαμμένου et παραβαπτισταί au sens précis du Christianisme ; d’autres les prennent au sens général et métaphorique, et disent, celui qui est imbu de la doctrine, et, nous qui n’en sommes pas imbus, ce qui est la négation même du prétendu Judaïsme d’Épictète, et force à confesser qu’il en a connu les doctrines sans les partager. Mais, même en prenant ces mots au sens où nous avons cru devoir les prendre, comment tirer de ce passage un aveu du Christianisme ou du Judaïsme de l’auteur ? Les Juifs ou les Galiléens (dont il parle ailleurs) sont là pour lui comme un exemple, qui lui sert à éclaircir sa pensée ; mais rien de plus. On a tort, dit-il, de se prétendre Stoïcien parce que l’on parle le langage du Stoïcisme, quand on n’en a pas les maximes au fond du cœur, et surtout quand on ne les applique pas ; comme on a tort de se dire Juif, lorsque l’on n’a pas été baptisé, ou que l’on ne pense pas et ne fait pas tout ce que pense et fait le baptisé.

Il faudrait, ce nous semble, avoir fait son siége d’avance