Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/176

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comme un Dieu en face de la mort, comme un Dieu en face de la maladie. Voilà ce que je sais, voilà ce que je puis ; tout le reste, je ne le sais, ni ne le puis. Je vous ferai voir la force d'un philosophe. Et en quoi consiste cette force ? À ne jamais manquer ce qu'on désire, à ne jamais tomber dans ce qu'on redoute, à se porter toujours vers des choses convenables, à donner tous ses soins à ce qu'on se propose de faire, à ne croire jamais qu'après mûr examen. Voilà ce que vous verrez.


CHAPITRE IX




On n'est pas de force à remplir son rôle d'homme, et l'on se charge encore de celui de philosophe!

Remplir son rôle d'homme, et rien de plus, n'est pas encore une chose toute simple. Qu'est-ce que l'homme en effet ? Un être animé, dit-on, qui a la raison, et qui doit mourir. Or, tout d'abord, de qui la raison nous distingue-t-elle ? Des bêtes sauvages. Et de qui encore ? Du bétail, et de ce qui lui ressemble. Vois donc à ne jamais agir comme la bête sauvage ; autrement, c'en est fait de l'homme en toi : tu n'auras pas rempli ton rôle. Vois à ne jamais agir comme le bétail ; autrement, de cette façon aussi,