Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/233

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ou, par Jupiter! de législateurs, pour effrayer et contenir les méchants. — Bravo, philosophe! tu as rendu service à nos concitoyens, et tu as fait la conquête de nos jeunes gens, enclins déjà à mépriser les dieux! — Quoi donc! cela ne te plaît pas! Ecoute alors comment la justice n’est rien, comment la retenue est une sottise, comment le nom de père n’est rien, comment le nom de fils n’est rien. — Bravo, philosophe! continue, et persuade nos jeunes gens, pour que nous ayons un plus grand nombre d’individus qui pensent et parlent comme toi! Est-ce avec ces beaux discours-là qu’ont grandi les Etats qui ont eu de bonnes lois? Sont-ce ces beaux discours-là qui ont fait Lacédémone? Les convictions que Lycurgue a inculquées aux Spartiates , par ses lois et par son éducation, sont-elles celles-ci, que la servitude n’est pas plus une honte qu’un honneur, et la liberté pas plus un honneur qu’une honte? Est-ce pour ces maximes que moururent ceux qui sont morts aux Thermopyles? Est-ce avec des raisonnements de ce genre, que les Athéniens abandonnèrent leur ville? » Et ceux qui parlent ainsi se marient, ont des enfants, prennent part au gouvernement, et s’établissent prêtres et prophètes! De qui? De ceux qui n’existent pas? Et ils interrogent eux-mêmes la Pythie, pour entendre d’elle des mensonges, qu’ils rapportent aux autres en guise d’oracles! Quel excès d’impudence et de charlatanisme!

Homme, que fais-tu? Tu te réfutes toi-même tous les jours? Ne te décideras-tu pas à laisser là ces insipides raisonnements? Quand tu manges, où