CHAPITRE VIII
Comme on s’exerce contre les questions captieuses, de même on devrait s’exercer chaque jour contre ce que les sens nous montrent; car eux aussi nous présentent des questions. « Le fils d’un tel est mort. » Réponds: « La chose ne relève pas du libre arbitre; ce n’est donc pas un mal. — Le père d’un tel l’a déshérité! Que t’en semble? — La chose ne relève pas du libre arbitre; ce n’est donc pas un mal. — César l’a condamné. — La chose ne relève pasdulibre arbitre; ce n’est donc pas un mal. — Il s’en est affligé. — C’est là une chose qui relève du libre arbitre; elle est un mal. — Il l’a supporté courageusement. — La chose relève du libre arbitre; elle est un bien. » Si nous prenions cette habitude, nous ferions des progrès. Car notre affirmation ne dépasserait jamais les données évidentes de nos sens. « Ton fils est mortl — Eh bien! qu’est-il arrivé? Mon fils est mort. — Rien de plus? — Rien. — Ton vaisseau a péri! — Eh bien! qu’est-il arrivé? Mon vaisseau a péri! — Un tel a été conduit en prison. — Eh bien! qu’y a-t-il? Un tel a été conduit en prison. » Pour qu’il y ait là un mal, il faut que