Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/297

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rien vient-il déranger ma pensée? Que puis-je faire tandis que rien ne me dérange? Et puis-je trouver quelque chose de plus digne d’un homme? Vous, lorsque vous n’avez aucune occupation, vous êtes tout hors de vous, vous allez au théâtre, ou vous errez à l’aventure; pourquoi le philosophe, dans ces moments-là, ne travaillerait-il pas sa propre raison? Tu donnes tes soins à des cristaux, moi au syllogisme Le menteur. Tu donnes tes soins à des porcelaines, moi au syllogisme négatif. Tout ce que tu as te paraît peu de chose; ce que j’ai me paraît toujours beaucoup. Tes désirs sont insatiables; les miens sont remplis. Qu’un enfant plonge le bras dans un vase d’une embouchure étroite, pour en tirer des figues et des noix, et qu’il en remplisse sa main, que lui arrivera-t-il? Il ne pourra la retirer, et pleurera. « Lâches-en quelques-unes (lui dit-on), et tu retireras ta main. » Toi, fais de même pour tes désirs. Ne souhaite qu’un petit nombre de choses, tu les obtiendras.


CHAPITRE X




Comment doit-on supporter les maladies?

Quand vient le moment d’appliquer quelques-uns de nos principes, il faut toujours les avoir là