Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/322

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CHAPITRE XX




On peut tirer profit de toutes les choses extérieures.

Quand il s’agit d’idées spéculatives, presque tout le monde laisse le bien et le mal en nous, au lieu de le mettre dans les choses extérieures. Personne ne dit que cette proposition: « Il fait jour, » soit un bien; et celle-ci: « Il fait nuit, » un mal; et cette autre: « Trois font quatre, » le plus grand des maux. Que dit-on donc? Que savoir est un bien, que se tromper est un mal; de telle façon qu’il y a un bien relatif à l’erreur même, le fait de savoir qu’elle est une erreur. Il faudrait qu’il en fût de même pour les choses pratiques. « La santé est-elle un bien? La maladie est-elle un mal? » Non, mortel! « Qu’est-ce qui est donc un bien ou un mal? » User bien de la santé est un bien; en mal user, est un mal; de sorte qu’il y a un profit à tirer même de la maladie. Et par le ciel, n’y en a-t-il pas un à tirer de la mort? Un à tirer de la privation d’un membre? Crois-tu que la mort ait été un petit profit pour Menœcée? Et celui qui est de notre avis, ne peut-il pas lui aussi tirer de la mort un profit semblable à celui qu’en a tiré Menœcée? O homme, n’at-il pas sauvé ainsi son patriotisme? sa grandeur d’âme? sa loyauté? sa générosité? En vivant, ne les eût-il pas perdus? N’aurait-il pas eu leurs contraires en partage? la lâcheté? le manque de