Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/326

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les philosophes t’ont réellement appris quelque chose. Tu ne fais rien de tout cela; mais tu dis: « Venez m’entendre faire des commentaires. » — Va-t’en, et cherche sur qui vomir. Tu ajoutes: « Je vous expliquerai les livres de Chrysippe comme personne; j’aurai le style le plus doux et le plus pur; j’y joindrai même, par moment, l’impétuosité d’Antipater et d’Archédémus.

Ainsi les jeunes gens auront quitté leur patrie et leurs parents à cette seule fin de venir t’entendre débiter de jolies petites leçons! Ne faut-il donc pas qu’ils retournent chez eux patients, secourables, calmes, tranquilles, emportant des provisions de route pour la vie entière, équipés de façon à pouvoir supporter bravement tout ce qui arrivera, et à en tirer de la gloire? Et comment pourras-tu leur communiquer ce que tu n’as point? Car, qu’as-tu fait autre chose depuis le commencement, que de t’occuper à analyser les syllogismes, les sophismes, et les raisonnements par interrogation?

— « Mais un tel a une école; pourquoi n’en aurais-je pas une, moi aussi? » — Esclave! ce n’est pas là une chose qui puisse se faire au gré du caprice, ou par le premier venu. Il y faut l’àge, la dignité de la vie, et Dieu pour nous guider. Cela ne serait-il pas vrai? Et, tandis que personne ne part du port sans avoir sacrifié aux Dieux et les avoir appelés à son aide; tandis que nul ne commence les semailles sans avoir invoqué Cérès, serait-il quel qu’un qui pût entreprendre sûrement une œuvre de cette importance sans le secours des Dieux? Et ceux qui iraient à son école pourraient-ils se trou-