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CHAPITRE IV




Sur le progrès.

Celui qui est en progrès se souvient qu’il a appris des philosophes que l’on ne désire que le bien, que l’on ne cherche à éviter que le mal ; que de plus il n’y a de bonheur et de tranquillité pour l’homme, qu’à ne pas manquer ce qu’il désire, et à ne pas tomber dans ce qu’il veut éviter ; il s’interdit donc, ou remet à plus tard, de désirer quoique ce soit, et il ne cherche à éviter que des choses qui relèvent de son libre arbitre. Il sait, en effet, que s’il cherche à éviter des choses qui ne relèvent pas de son libre arbitre, il tombera forcément sur quelqu’un des objets qu’il veut éviter, et sera malheureux. Or, si la vertu peut se vanter de donner le bonheur, le calme et le repos de l’esprit, chaque pas que l’on fait vers elle, est un pas fait vers chacun d’entre eux ; car chaque pas que l’on fait sur une route, vous rapproche forcément de ce qui est au terme de cette route.

Comment donc, quand nous avouons que c’est là qu’est la vertu, pouvons-nous chercher le progrès ailleurs, et enseigner qu’il y est ? Quel est le fait de la vertu ? De donner le calme de l’âme. Qui donc est en progrès ? Est-ce celui qui a lu plusieurs traités de Chryzippe ? La vertu consisterait--