Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/76

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quand il est passé par ici, et lui dire : « Combien j’étais meilleur prophète que toi ! »

Quoi donc ! est-ce que je prétends que l’homme n’est pas né pour l’action ? à Dieu ne plaise ! Mais alors pourquoi ne sommes-nous pas plus actifs, moi, tout le premier, qui, lorsque le jour se lève, me remémore un moment ce que j’ai à relire, puis me dis aussitôt après : Que m’importe ce que vaudra la lecture d’un tel ! La première chose pour moi, c’est de dormir. Mais quel rapport y a-t-il entre les occupations de ces gens-là et celles qui devraient être les nôtres ? Vous verrez bien qu’il n’y en a pas, si vous regardez de près ce qu’ils font. Que font-ils autre chose, en effet, que de calculer toute la journée, de discuter, de délibérer sur des mesures de blé, sur des champs, et sur des revenus du même genre ? Est-ce donc la même chose de recevoir et lire ce billet de quelqu’un : Je te prie de m’autoriser à exporter une certaine quantité de blé, ou (de recevoir et lire) celui-ci : Je t’engage à examiner, d’après Chrysippe, de quelle façon le monde est gouverné, et quelle place y tient l’être doué de vie et de raison. Examine aussi qui tu es, et quel est ton bien et ton mal ? Est-ce que ces choses-là se ressemblent ? Est-ce qu’elles demandent qu’on s’y attache également ? Est-ce qu’il est aussi honteux de négliger celles-là que celles-ci ?

Maintenant, est-ce précisément nous qui sommes