Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/85

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vices, et tous les autres contraires. Il a en plus donné à chacun de nous un corps et des parties de ce corps, avec des possessions et des compagnons.

Il faut aller aux leçons, avec la pensée de cet ordre, non pour changer l’état des choses (car cela n’est pas possible et ne nous serait pas utile), mais pour apprendre, tandis que les choses qui nous entourent sont comme elles sont et comme il est dans leur nature d’être, à conformer notre propre volonté aux événements. Voyez en effet : « Pouvons nous fuir les hommes ? — Eh ! comment le pourrions-nous ? — En vivant avec eux, pouvons-nous du moins les changer ? — Qui nous en a donné les moyens ? » — Que reste-t-il donc de possible ? Et quelle façon trouver d’en user avec eux ? Ne sera-ce pas de leur laisser faire ce qui leur semblera bon, tandis que nous, personnellement, nous resterons malgré tout en conformité avec la nature ? Mais toi tu es malheureux, et impossible à contenter ! Si tu es seul, tu cries à l’abandon ; si tu es avec des hommes, tu les appelles perfides et voleurs ; tu incrimines jusqu’à tes parents, tes enfants, tes frères, tes voisins. Tout au contraire, tu devrais, quand tu es seul, te dire, « Je suis tranquille et libre » et te trouver semblable aux dieux ; quand tu es avec beaucoup d’autres, ne pas dire qu’il y a foule, qu’il y a tumulte, qu’il y a gêne ; mais qu’il y a fête et joyeuse assemblée. Voilà le moyen d’être toujours content.

Quel est donc le châtiment de ceux qui n’accueillent pas ainsi les événements ? Leur châtiment est d’être ce qu’ils sont. Quelqu’un est-il mécontent d’être seul ? Qu’il reste dans l’isolement. Mécontent