qu’il n’y avoit que les eſprits de quelque liqueur, que le ſuc des bonnes viandes & des chairs delicates qui fiſſent cet effet. Elles me demanderent alors quel étoit mon ſentiment là-deſſus ? à quoy je repliquay, voulant les flatter toutes deux ; Que la queſtion étoit problematique ; Que generalement parlant, il étoit vray que des bons ſucs ſe formoit le bon ſang & que du ſang la chaleur tiroit ſon principe ; Mais auſſi que le ſentiment de tous les Medecins & l’experience commune juſtifioit que les grands jeûnes échauffent les Reins & le Cerveau & que ſi de la delicateſſe du manger ſe forme le ſang d’où le corps tire ſa nouriture & la chaleur, il n’y auroit perſonne au monde plus échauffé que ceux qui obſervent le Carême, puisque le poiſſon dont on uſe communement en ce temps a toûjours paſſé ſans contredit pour la viande la plus delicate qui ſe puiſſe ſervir ſur la table des Grands ; ſentiment conforme à celuy de l’Antiquité qui traittoit les gour-
Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/25
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
De La Grille.