Page:Les Fouteries chantantes, 1791.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 40 )


De ce lâche défaut n’infecte point tes mœurs ;
Un indiscret aveu rompt l’union des cœurs.
Amant favorisé, si tu veux long-temps l’être,
Affecte prudemment de ne point le paraître :
L’amour doit apporter bien des ménagemens,
Pour se mettre à l’abri des traits des médisans.

Mais, hélas ! un enfant n’a point de prévoyance,

Et le moindre revers trompe sa vigilance.
Je vais t’en rapporter un exemple en passant ;
Si le fait est commun, je le rendrai plaisant :
Le héros ? je le suis. Depuis près d’une lune,

Je brillais pour les yeux d’une charmante brune ;

Seul avec ſon Epoux, je partageais son cœur,
Lui par devoir forcé, moi par simple faveur ;

Libre accès au logis, et doux accueil du maître,

J’étais sans-doute heureux : qui n’aurait pensé l’être ?

Le mari chaque jour, au-dehors arrêté,
Laissait à son épouse une ample liberté ;

La Servante coquette, et pourtant bonne-femme,

Eût aveuglé Monsieur, pour obliger Madame.