Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/122

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l’clevai dans la iiiali-

(leu.x laiinos coiiiplaisaiilt’s (pii coiilenl le Idii^ dr ses joues li.lées. Puis elle couliiuie :

Il La lalale expédition de lUissie lui résolue par le grand homme. M. de Sainl-lîobert, qui faisait partie de ravant-yarde, entra des preniieis dans Moscou ; il en sortit le dernier. Dieu avait marqué son tomlieau dans les neiges de la Russie ! Au passage de la Bérésina, la surface glacée du fleuve craque autour de lui ; mais il touclie presque le bord opposé... il n’a qu’un pasà faire pour être sauvé... Tout h coup il entend deirièrc lui un cii poussé par un de ses camarades... il veut voler îi son secours : héroïsme inutile ! il dispaïaît avec lui dans le gouffre ! » Ici la Saint-liobert tire encore de son sac son grand mouchoir "a carreaux bleus, et essuie deux nouvelles lainies. Puis elle continue : « Restée veuve, je me consaciai ii l’éducation d’Aurélie. Je que de toutes les vertus et dans l’aiiiour des aris l’.t comme elle montrait les plus belles disposiiions ’ ' i/ |iour le théâtre, je n’hésitai pas, sans égard |)our ma toute-puissante famille, à la desliner a la carrière dramatique. A peine le nom d’Aurélie de Saint-Roberl eut-il paru sur une affiche, que je reçus de Saint-Pétersbourg une lettre menaçante de ma cousine Paméla, qui a épousé un prince russe, M. de Trombollinoï : j’allai immédiatement en parler a mon commissaire de police, qui m’engagea à vivre calme et I tranquille sous la protection des lois. »

Ici la Saint-Robert, après avoir pris une prise de ! tabac et s’être mouchée for ! bruyamment, ajoute en guise de péroraison :

Il Kt voilllà la chose ! »

^ous ne croyons pas que ces derniers mots se trouvent dans le manuscril de l’écrivain public ; mais la Sainl-Robert a cru devoir faire celle petite addition au récit pour l’enjoliver.

Pour jouir d’un curieux spectacle, il aurait fallu voir la Sainl-Robert le lendemain de l’heureux début d’Aurélie. nuellcjoie dans ses yeux ! quel air de triomphe répandu sur sa physionomie ! Quelle vivacité dans sa démarche !— Ce jour-là, elle se leva h cinq heures du malin, réveilla la portière, réveilla l’épicier, réveilla le marchand devin, réveilla le boucher, réveilla le commissionnaire du coin, et à tous elle disait : Il Ah ! mes agneaux, quel débul soigné ! Des applaudissements ... des applaudissements. .. que ça n’en Unissait plus ! Jamais on n’a vu une actrice claquée comme ça ! Le brave homme de directeur a dit lui-même qu’il n’avait point encore entendu un tonnerre pareil dansc’le salle de l’Ambégu ! lit puis, des fleurs ! et puis, des compliments ! L’auteur de la pièce en élail rouge comme le feu, quoi ! El il a embrassé Aurélie sur les deux joues, et il l’a appelée son mujc sauveur ! Hein !... son ange... Quel honneur ! Nous allons signer un engagement de cinquanle francs par mois, les costumes fournis et la chaussure payée ! J’espère que me voilii joliTUcnl