Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LF. MKDECIN. 107

faire un pas sans sa lu’rniissidu ; il n'c'xi>le pas lie maladif (|ui n’ail paiii dans sa ijazelle ; les jfuni’s niOdirins rnliriTlicnl son appui, les viriix lu niOnai ;fiil , Iiius le craignent ; il est capable de ddiuitr la lièvre même à la Faculté. Piailler des dalhias, c’est piiur un inédiriii un moyen d’avoir bientôt une clientèle III pleine fieiir : exceller sur un iiistruuienl de niusiipie, c’est apprendre aux clients ipi’oii iliiil auir, qu’on connait les touches les plus délicates et les plus nerveuses de la libre orjiaiiiiiue ; se faire l’ami des artistes, c’est être avant peu leur médecin ; collectionner des médailles, des tableaux, des bronzes antiques, c’est s’cximser ; avoir prochainement unecolleilioii de malades , espèce précieuse, cl qui iiicrile comme une autre d’être embaumée.

C’est surtout lorscpi’on a le jibis de timps ; soi qu’il est le moins permis d’en |)erdre. 11 est des cas où un médecin doit être ubiqnisle ; le matin c’est ; son hôpital’ le jour chez les malades de la campagne, le soir c’est à une réunion de médecins qu’il doit être retenu. Sa consultation a dil retarder ses visites ; il arrive tard dans sou cabinet ; la clientèle a ses exigences. Il ne prend rien aux pauvres pour commencer ; il se contente de traiter des malades , afiu d’avoir plus tard des clients. La renommée marche d’abord au petit pas ; survienne une épidémie, elle prendra la poste. Le choléra a fait quehiues viclimes, il est vrai, mais aussi que de médecins n’a-t-il pas créés ! Beaucoup se sont improvisés médecins attendu l’urgence du fléau ; il y eut à Paris quelques médecins de plus et ipielques hommes de moins : en tout deux fléaux.

Ce sont les circonstances qui font les médecins, a-t-on dit souvent. Il y a des maladies obscures, des sciatiques, que l’on guérit inco^iito ,• groupées, elles représentent à peine un rhume d’élite. Lier une artère, fiU-ce l’artère iliaque , ^ un pauvre dans un carrefour, c’est avoir fait beaucoup pour l’humanité, (wur sa ré])ulalion peu de chose ; mais une angine que l’on réussit chez une comtesse rétablit l’équilibre : tout se compense. Le médecin voit d’abord des sujets dans les hôpitaux ; puis il fait des visites n’importe où ; il examine la maladie quand il débute, il examine le malade quand il a débuté. Dans la première époipie , « il n’y a guère à ses yeux que des réputations usurj)ées ; les grands médecins sont des charlatans, le savoir est méconnu ; la conscience est un empêchement ; il se reproche d’avoir des scrupules. » A-t-il pris position : « Défiez-vous, dit-il incessamment , de ces jeunes gens systématiques, i qui la saignée ne coûte rien , qui vont tranchant à droite et ; gauche toutes les questions et tous les membres qui leur tombent sous la main. L’expérience a prévalu , le grand médecin est seul digne d’être appelé. »

Aujourd’hui on ne meurt jikis dciiis les formes , mais d’après la méthode. Il est mort guéri, dit un grand chirurgien de notre époque ; ce mot peint tout le chirurgien. Sa passion est de rogner, disséquer, cautériser, et de pousser une opération ju>qu’i ses plus extrêmes conséquences ; comme il n’a que Dieu pour juge, c’est à lui qu’il présente ses opérés assez bien pansés pour des morts qu’ils sont. Il y a , au contraire , parmi les médecins, une espèce bénigne qui laisse mourir avec le plus grand sangfroid et la plus complète philanthropie.

La consultation réunit d’ordinaire deux médecins rivaux , la jeune et la vieille école