Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/17

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corps, la femme libre dans Iniitc la liborlé (lu mol, iroblicnneiil mrnic inisuii regard du nioralisle. Ou ue s’occupe ni de remployé des divers miuislères, iii de l’oClicier à la retraite, ni du savant ptîrdu dans ses livres, ni de riioinnie du peuple ipii n’existe |>as encore, et (pii s’arme tout bas derrière cette fîastillc qui pèse de tout son poids sur le limimuii ; Saint-Antoine. A voir ce tableau, il vous semble bien, il est vrai, que vous avez vu cela quelque |)arl ; mais regardez-le d’un coup d’a'il plus attentif, et vous découvrirez (|ue si le ibéâlre est il peu près le même, les acteurs de la scène ont cliangc : ce qui explicpie la nécessité de refaire de temps à autre ces mêmes tableau.x dont le coloris s’en va si vite, aquarelles brillantes qui n’auront jamais l’éternité d’un tableau à l’huile ; et véritablement, pom- les scènes changeantes qu’elles représentent, c’est tant mieux.

Mais voici bien une autre révolution dans les mœurs et dans l’étude des moeurs ! Tout un hémisphère qui disparaît ! un monde entier qui s’abime comme font ces îles de la mer signalées par les voyageurs de la veille, et que les navigateurs du lendemain ne retrouvent plus à la |)lace indiquée par les hydrographes contemporains. Il y avait, dans ce temps-là, à côté de ce Paris qui était si peu, la cour (pii était plus que tout. Qu’en avez-vous fait, je vous prie ? Où se cache-t-il, cet univers d’or et de soie ? Où donc s’esl-il perdu, ce type du courtisan que l’on croyait éternel, maître de son front et de ses yeux, de son geste et de son visage ; profond, impénétrable, dissimulant les mauvais ollîces, souriant ’a ses ennemis, contraignant son humeur, déguisant ses passions ? Avez-vous jamais vu un pareil homme de nos jours ? Où sont-ils ces hommes tout brodés, qui passaient leur vie dans une antichambre ou sur l’escalier, dans un édifice bâti de marbre et rempli d’hommes fort doux et fort polis ? Qu’avez-vous fait de ce monde à part, courbé sous le regard du prince qui les enlaidissait tous par sa seule présence ; hommes in.^olents et emportés, plats dans l’antichambre, vils dans le salon : flatteurs, complaisants, insinuants, dévoués aux femmes, leur soufflant à l’oreille des grossièretés, devinant leurs chagrins, leurs maladies et lixant leurs couches ? Ces gens-là. race perdue sans espoir de retour, étaient les plus importants de la nation. Ils faisaient les modes, raffinaient sur le luxe et sur la dépense ; ils faisaient des contes ; ils appartenaient à coup sûr aux princes lorrains, aux Rohaii, aux Foix, aux Châtillon, aux Montmorency ; mais, hélas ! aujourd’hui, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les .Montmorency, où sont-ils ? Monde étrange, où il était nécessaire d’être effronté, d’être insolent, d’être mendiant ; où les plus habiles vivaient à la fois de l’église, de l’épée et de la robe ; où la vie se passait à recevoir et à demander, et à se congratuler et à se calomnier les uns les autres ; où l’on se mas(|uail toute l’année, quoi-