Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/183

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1. i :S C 01. l.Lt. I lU.NMiLKS. 125

Liiliii. il lraeiserail lous los iuceuilies, tous les piiiîjatoiri’s, tous les euleib, pour saiiM’r la plus petite soucoupe de pâte teiulif, en ilaugoi’ «le destruction, et il ne meltiait pas ses jamiies dans l’eau pour sauver un eiilant qui se noierait. L’amour est une passion (jui rend féroces ceux <iui la ressentent : M. de Menussard, avec sa cléluenlinc de soie noire, son chapeau gras, sa redingote râpée, ses cheveux hérissés et ternes, sa barbe paresseusement soignée, ses mains glacées de tons terreux, ses souliers leruis, est peul-èire de tous les amoureux, de tous les amants de ce siècle, le plus fervent, le plus sincère, le plus vrai, le plus enthousiaste et le plus excusable l>ar conséquent dans son égoïsme et sa férocité.

A côlé de M. de .Menussard, on rencontre souvent au palais delà Bourse un célèbre collectionneur d’autographes, qui possède de l’écriture de toutes les personnes célèbres, mais depuis six mois il est atteint d’une affection mortelle, dix lignes de récriture de Molière lui ont échappé et sont devenues la propriété d’un célèbre amateur anglais. Aussi n’en revieudra-t-il pas, ses jours s’éteignent, il ne voit plus, n’euleuil plus, marche comme un malheureux sur qui pèserait quelque implacable fatalité, il se considère comme un homme déshonoré ; sa collection d’autographes était réputée la plus belle de toutes les collections connues, maintenaut elle n’est plus qu’en seconde ligne.

M. de Menussard hausse les épaules en voyant passer l’amateur d’autographes, il dit même que c’est un fou.

Kt en effet, l’amateur d autographes, comme l’amateur de pâte tendre, comme l’amateur de tableaux et tous les amateurs qui poussent leur amour d’une seule chose jus(jua la passion de la collection, peuvent être classés parmi les fous, section des monomanes : car ils se sont attelés ii une seule idée, car ils ne voient rien au delà ; car tout l’univers, toute l’existence se résume pour eux dans l’idée qu’ils poursuivent et dont ils sont poursuivis.

Des nioiU)manes colleclciirs, il y en a de loulc sorte, de toute espèce. Tout Paris se rappelle ce vicomte de , qui faisait collection de cheveux roux célèbres et qui prétendait avoir en sa possession de ceux de Jésus-Christ. t n autre monomane collectionneur, dont tout le monde a ri, rassemblait une collection complète des plus petits souliers de femme qu il lui fût possible de se procurer, on les voyait chez lui rangés sur des tablettes et étiquetés coiunie des livres dans une bibliothèque ; il connaissait tous les pieds vivants et tous les pieds morts ; un joli pied liien chaussé le transportait dadniiration, il s’en considérait comme lecinatenr obligé : s il ne connaissait pas la leinnie qui en était possesseur, il prenait sui- elle cinquante informations, lui écrivait pnur lui indiquer la manière de soigner son charmant pied, la suppliait de ne ])oint se chausser de souliers trop étroits, lui nuniniail les cuirs dontelle deail recommander lenqiloi "asini (iiidonnier, et linissail l’ii sollicitant pour seule récompense de tant de soins une paire de souliers destinée a son dépôt, a son musée, ’a son trésor.

1.01 d I).... n’aime que les tabatières : il en a de toutes sortes et des pluh ni.igniliques, qu il divise en trois classes : les tabatières d Innumes célèbres, les tabatières ornées d (’maux nn de peintures, et les tabatières d une matière ou d un tiaail pré-