Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/216

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la suie, ces cous d’ivoire , ces peaux encore blandies comme le lait de leurs mères : on les ferait diner à table ce jour-là et comme des rois, dans des couverts où ils n’auraient pas honte cette fois de se mirer ; i)uis après le diner, on les ferait danser comme on danse, ou plutùl comme on dansait dans leiu-s montagnes ; et on pnriei-ail de celte fête toute l’année, le malin et le soir, à la chambrée ; on n’en ramonerait que mieux , on y révérait même dans le fond de In cheminée, et on ne manquerait pas de grimiier Jusqu’en liant à chaque expédition , pour voir si le temps sera beau pour le Jom- de la fête.

Maison allons-nous ? Voici que nous chantons la gloire, la fête , la Joie du ramoneur, et nous ne pensons pas que bienlol il faudra peut- être porter son deuil. Oui, l’industrie, cette géante qui nivelle cl sinqditie tout, supprimera, avant qu’il soit peu , le ramoneur, comme elle a supprimé tant d’autres machines vivantes, le garçon boulanger, le garçon imprimeur, le garçon chocolatier, le filateur, le roulier, le palefrenier, le maquignon, le cocher. Le ramoneur périra tôt ou tard par la vapeur : en peut-il être autrement ? La vapeiu- et la fiunée ne sont-elles pas sœurs du même lit ? Vous verrez que les cheminées Irouveronl un Jour le secret de se ramoner elles-mêmes.

Armould Frebiv.