Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/226

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1(10 L’IlNFlKMIKU.

i toiik’s les siilistaiicos Nous avons parlé plus haut île sa gourniaiiilise ; ce n’esl l’a

(|iroii tléliml (lu caiaflèie ; mais, hélas ! les or^’anes eux-mêmes de Jean se inêlenl parfois do se dépraver, et alors cette gourmandise prend un développement surhumain. On a vu des intirraiers engloutir la portion d’une salle presque entière, et leui’ voracité dépasser les bornes de l’honnête et ilu possible : ai)pélit bien digne des miasmes qui i’iiritaient !

Nous nous apercevons à rei ;i’ol que jusqu’ici nous avons dit beaucoup de mal de l’infirmier ; il ne faut pas qu’il nous en veuille : médire est aussi une maladie. Nous nous empressons de convenir que l’infirmier rend souvent des services signalés à riiumnnilé souffrante, el que, lorsqu’il lui prend fanlaisie de se montrer sobre, iiilelligentet soigneux, il poit beaucoup pour l’adoucissement, voire même pour la guérison de certains malades. — En rclléchissant même, je serais presque lente de rétracter une partie du mal que j’ai dil de mon héros. A propos de héros, je dois vous avenir (jue l’inlirmier militaire diffère iln civil, d’abord le premier est revêtu don unihirme, el tout le monde sait les graves inodilicaiions (|uo celte simple ciicunslance apporte d’elle-même à un individu. On pourlail recueillir au. Invalides les éléments de son histoire intéressanle ; ou découvri rait peut-être un triste revers à la médaille d’Iénu, d’Austerlitz et de Friedland. L’infirmier vous représente l’homme du monde le mieux fixé sur le genre de maladie dont il doit mourir ; là-dessus, on ne saurait le tromper ; c’est le résultat de son expérience et le couronnement de tous ses travaux. Une fois qu il a bien reconnu son mal, ne croyez pas (|u’il s’occupe de le guéiir, pas si simple ; il met son orgueil il le caresser, a lui donner toutes les facilités imaginables, et meurt ordinailenienl par on il a le plus vi’cu, par l’estomac et les entrailles. — Iji mourant, il lègue sa pipe au nninèro qu il alleclionne le plus, et son corps "a 1 aniphiihéàtrc ; le cimetière lui paraît un abus ; — les lombes, un obstacle à la circulation ; — lu sépulinre, une recherche et une faiblesse de petit-maître ; le Piri-Lnchaiu,... il en irouve l’emplacement délicieux pour un Tivoli d’été. — .lean recommande seulemeni il l’interne qu’il croit le plus habile de se charger de son autopsie ; il invile d’ailleurs Ions les externes el (ous les lonijiuits ’ à maïujtr un morceau : cela signifie, eu slyle d’amphithéâtre, qu’il les invile à prendre, celui-ci un bias, celui-là une jand)e, (pii un pied, qui la main, qui la tête. — Quanta ses dents, s’il lui en reste, il ne peut pas en disposer plus que de ses cheveux :

C’est l inévitable part des jya/ço/.x.

Kl son âme ?

On ne peut penser à tout : I infirmier a coutume de ne pas s’en préoccuper ; les bonnes sœuis s’empressent de prier poiu- elle. — Mais nous croyons que la malheureuse a pris les devants, et ((u’elle est déjà allée au diable, — où nous conjurons nos lecleurs de ne pas nous l’envoyer chercher ou rejoindre, ^ous leur en témoignerons iioli ç reconnaissance en leur souhailant de n’avoir jamais que leur mère, leur sœur, leur femme ou leni- maîlresse pour inliiinier.

■ V^liilMllts .1 rcfrni.-tl.

F. Bernarc