Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/24

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XIV

xe refusent un tour de lit et du linge blanc. G est toujours celui-ci qui aiuie les oiseaux ; sa maison en est égavce, non pas empestée ; cet autre qui aime les insectes, le premier homme du monde pour les papillons : ce Iroisième est duelliste ; son voisin est grand joueur : l’un est (bu et ridicule, il rêve la veille par où et comment il pourra se faire remarquer le jour suivant. Onuphre est un hypocrite, Zëlie est riche, et elle rit aux éclats ; Syrus. l’esclave, a pris le nom d’un roi, il s’appelle l’-yrus. Nous aussi nous avons nos magistrats coquets et galants, nos avocats déclamateurs, nos calomniateurs à gages, nos ragoûts, nos liqueurs, nos entremets ; nous avons Hermippe qui a porté si loin la science de l’ameublement et du comfort. qui a trouvé le secret de monter et de descendre autrement que par l’escalier ; nous avons nos médecins à spécifiques : ils l’ont del’homoeopalhie aujourd’hui, autrefois ils vendaient des drogues ; nous avons nos devins et nos devineresses : seulement nous croyons un peu moins à la magie que La liruyère n’y croy :iit lui-même ; nous avons aussi nos révolutions de grammaires et de dictionnaires , les mots de la langue qui ont la destinée de la feuille des arbres . qu’un automne eniporie, qu’un printemps ramène. Ce que nous n’avons plus, c’est la chaire chrétienne, ce sont les grandes assemblées qui se faisaient autour de l’orateur évangélique ;’ mais en revanche, nous avons la tribune politique, autour de laquelle sont soulevées tant de passions. Aujourd’hui comme autrefois, les hommes sont les dupes de l’action et de la parole et de tout l’appareil de l’auditoire. Il faut dire aussi que nous n’avons plus d’esprits forts. Un homme qui se poserait aujourd’hui comme un esprit fort, qui crierait par-dessus les toits : // n’y a pas de Dieu ! cet homme-là serait tout au plus ridicule : autrefois il était un sujet d’épouvante ; on faisait contre ce malheureux de Irès-gros livres. En revanche, s’il n’y a pas.d’esprits forts, il y a les disciples de Robespierre, de Maral ou de Danton, d’honnête^ jeunes sansculolles quine voudraieni pas tuer une mouche, el qui désirent tout liant que le genre humain n’ait qu’u ne léte pour la couper d’un seul coup ; d’où il suit qu’il est très-nécessaire d’être indulgents pour les anciens, en songeant combien nous aussi nous aurons besoin d’indulgence. Il ne faut pas prendre trop en pitié les mieurs et les usages de nos pères ; cai’ nous aussi nous serons quelque jour des ancêtres. En fait de mœurs, nous sommes ln>|) éloignés de celles qui ont passé ; nous sommes trop proches des mœurs présentes pour les juger a une distance équitable. Acceptons donc toutes les méthodes dont nos devanciers se sont servis pour écrire les caractères de leur époque, soit qu’ils aient appelé a leur aide la comédie ou le drame, le roman ou le chapitre : (pi’ils aient procédé par des délinilions, par des divisions, des tables el de la méthode : ou bien qu’ils aient ri’duit les mteursauN passions, ou encore (pi’ils