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ils pas une image de l’infini aussi bien f|ne le serpent qni se mord la quene ? 11 vend des drogues qui donnent la mort, et des substances (jui donnent la vie ; il s’est vendu lui-nicnie au public comme une âme à Satan. Il estl’alpba et l’oméga de notre état social. Vous ne pouvez faire un pas ou une lieue, un crime ou une bonne action, une œuvre d’art ou de débauche, nue niaitresseouunami, sans recourir à la toute-puissance de l’épicier. Cet homme est la civilisation en boutique, la société en cornet, la nécessité armée de pied en cap, l’encyclopédie en action, la vie distribuée en tiroirs, eu bouteilles, eu sachels. Nous avons eiilcndn préférer la protection d’un l’picierà celle d’un roi : celle du roi vous tue, celle de l’épicier fait vivre. Soyez abandonné de tout, même du diable ou de votre mère, s’il vous reste ua épicier pour ami, vous vivrez chez lui, comme le rat dans son fromage. Nous tenons tout, vous disent les épiciers avec un juste orgueil. Ajoutez : Nous tenons à tout. Par iiuelle fatalité ce pivotsocial, cette tranquille créature, ce philosophe pratique, cette industrie incessamment occupée, a-t-elle donc été prise pour type de la bêtise ? Quelles vertus lui mautpient’ :' Aucune. La nature éminemmentgénéreusede l’épicier entre pour beaucoup dans la physionomie de Paris. D’un jour à l’autre, ému par quel(|ue catastrophe ou par une fête, ne reparaît-il pas dans le luxe de son uniforme, après avoir fait de l’opposition en bizet ? Ses mouvantes lignes bleues à bonnets ondoyants accompagnent en pompe les illustres morts ou les vivants qui triomphent, et se mettent galamment en espaliers lleurisà l’entrée d’une royale mariée. Quant à sa constance, elle est fabuleuse. Lui seul a le courage de se guillotiner lui-même tous les jours avec un col de chemise empesé. Quelle intarissable fécondité dans le retour de ses plaisanteries avec ses pratiques ! avec quelles paternelles consolations il ramasse les deux sous du pauvre, de la veuve et de l’orphelin ! avec quel sentiment de modestie il pénètre chez ses clients d’un rang élevé ! Direz-vous ([ue l’épicier ne peut rien créer ? Quinquet était un épicier ; après son invention, il est devenu un mot de la langue, il a engendré l’industrie du lampiste. Ah ! si l’épicerie ne voulait fournir ni pairs de France ni députés, si elle refusait des lampions à nos réjouissances, si elle cessait de piloter les piétons égarés, de donner de la monnaie aux passants, et un verre de vin à la femme qui se trouve mal au coin de la borne, sans vérifier son état ; si le quinquet de l’épicier ne protestait plus contre le gaz son ennemi, qui s’éteint à onze heures ; s’il se désabonnait au Comihuûonncl, s’il devenait progressif, s’il déblatérait contre le prix Monthyon, s’il refusait d’être capitaine de sa compagnie, s’il dédaignait la croix de la Légion d’honneur, s’il s’avisaitdelire les livres qu’il vend en feuillesdépareillées, s’il allait entendre les symphonies de Berlioz au Conservatoire, s’il admirait (iericault en temps utile, s’il feuilletait Cousin, s’il com|)renait Ballanche, ce serait un dépravé qui mériterait d’être la poupée éternellement abattue, éternellement relevée, éternellement ajustée parla saillie de l’artiste affamé, de l’ingrat écrivain, du saint-simonien au désespoir. Mais examinez-le, o lues concitoyens I Que voyez-vous eu lui ? Un homme généralement court, joullln,à ventre bombé, bon père, bon époux, bon maître. Ace mot, arrêtons-nous. Qui s’est figuré le Bonheur, autremenl cpie sous la forme d’un petit garçon épicier, rougeaud, à tablier bien, le pied sur la marche d’un magasin, regardant les