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LA Ml lii ;s AUTISriiS. 245

lit’Ins, ilcutnagucie quelques lueurs d’espoir. Lnjour, après un souper clianipèlre, mi avail nionlié quohiue pitié , ondevail se revoii’, un rcuilez-vous même... Ma’sles destins jaldiiN ont tout rcnveisé , et... la catastroplie du 10 août... Personiii’ netonnait le surplus decette bistoire, car’a cet endroit critique la jeunepKMnii’ic , apiiclanl a l’aide un calanlio peu éloiané, tousse d’une iiaute fa« ;on en roulant des yeux peu laniiouieux ; l’ami laisse la narration brisée danssa poche, d’où il relire une bonbonnière , et tout finit par

Vous plait-il iiii niurccau de ce jus de réglisse ?

car l’ami des acteurs n’omet pas une occasiou de citer, et d’ordinaire la citation le conduit il l’anecdote, et l’anecdote à la biographie.

L’ami de la vieille scène lyrique et trafique a eu plusieurs passions, plusieurs amitiés admiratives : son mobilier en fait foi. Rien de plus hétérodoxe. Chacun de ses meubles est le legs d’un grand acteur ou une acciuisiliou faite a sa vente apiès décès. Sur les inuraillessontacerocliés d’affreux petits portraits en taille-douce, encadrés dans le bois Jîoi»’dc l’amitié, selon le précepte de Jean-Jacques. Bien qu’il soit riche, cet étrange mortel vil sobrement ; ses revenus passent en cadeauxcousidérables qu’il faisait jadis ’a l’instar des ducs tel et tel. Or, il ne veut pas déroger. D’ailleurs, lesaltcnlions de ce genre lui rapportent des caresses douces ’a sou cœur ; et puis , iwnsanin’i artistes, nous jetons l’or par les fenèlres.

Quand toutes lesgloires ses contemporaines ontdisparu , quand il se trouve enliu seul, sans artistes a coudoyer, il se retire à sou tour , il abandonne le tliéâlre. Son capital est endommagé, il a vécu plus longtemps qu’il ne comptait, et il est forcé d’aller jirendre sa retraite dans cei tain thàleau délabré dont il porte lé nom, et qu’il n’a jamais vu. Ses habitudes s’y trouvent dérangées, le silence le glace, les regrets le minent ; comme (7 fui toujours i’crtHeH.v , il aime à voir lever l’aurore ; ce réginxle fatigue, et il meurt avec les feuilles.

C’est l’a l’anlique ami des arihles, doux, poli, sensible, modeste, et d’une e.lncation irréprochajile. Aujourd’hui ce type est rare. Les acteurs n’aimaut qu’eu.x-mêmes sont leurs seuls amis ; et leur morgue, <|ui dédaigne les auteurs et protège leurs laui iers, rebute l’humble lierre qui voudrait s’attatlier à eux. L’ami des acteurs du jour est journaliste ou capitaliste. Dans le premier cas, on l’appelle cainiilk dès qu’il a le dos tourné ; dans le second, on s’en rit comme d’une dupe. Cependant les ieux poêles ont encore do vieux amis a qui ils lisent de vieux poèmes sur de vieux sujets, et de vieilles maiusapplaudissent ces chefs-d’œuvre inconnus. Us s’accordent, auteurs et admirateurs, à déplorer le méchant goût du siècle et à excommunier, a exorciser les jeuues gens qui n’en sont pas reconnaissants, les ingrats ! Quand une fois l’ami d’un artiste a vécu trente ans a ses cotés, il est plus qu’un |)arenl, plus que la femme et les enfants. A force de suivre son idole, de l’écouter, de l’examiner, il est parvenu à la connaître, il sait les replis de cette âme, et il ne s’isole plus de cet autre lui-même. Le vieil ami de l’artiste pense alors avoir acquis des droits sacrés.

Après la mort de mademoiselle Duehesuois, (juelqu’un lit rencontre d un vieillard