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LA FEMME SANS NOM,

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manger. a pit-miriT fois clic pirlia par iyiiuraïue. la seconde par niisi-re. DésonnaiN elle Otail pcrdnc sans retour.

Il y a dans la Cilé des lieux de débauelic sortis des premières boues de Paris ; lieux humides, noirs, malsains, affreux ( ; iiécé<’s où les voleurs vont chercher leurs amantes. C’est li’i ipie la vieille conduisil .Mariette. Dans ce repaire, quelle vie ! Ei’i , plus déjeune hoinnie candide, plus de poëtc consolateur, plus de voya.îeurépieuricn ; de l’cléiiante corruption de la ville fashioiiahle il fallut passer tout d’un coup A la brutale corruption de la ille iyn(uantc. l-i’i, plus d’inollcnsives eriaillerics, i)lus de romances sentimentales ; mais des querelles sanglantes, des chansons obscènes, toutes les dégoiMantès misères de cette galanterie qui dit Je vous aime, en argot. Sentir sans cesse sur sa tète les bras tatoués du charpentier en goguette, du tailleur de i)ierre ainc. ou du sttldat économe qui a réussi ^i ramasser, aux frais de lEtat, le salaire de .sa débauche ; reconnaître quelquefois une niar(|ue plus significative, apercevoir en tremblant sur une épaule nue l’infAme stigmate du bourreau, voilà en quoi se résumait la condition nouvelle de Mariette. C’est ainsi quelle vécut longtemps, se laissant prendre peu à peu ; la boisson, ce dernier vice des femmes, jusiiu’A ce qu’un homme se présentât de nouveau pour l’aimer.

Comment raconter cette liaison entre Mariette et Alfred Crochard dit Main-Fine . industriel fort connu de tous les agents de

police (|ui surveillent les passages ? La pauvre femme, heureuse d’être aimée, est bientôt ; la merci du voleur : jjIus elle le voit , plus elle l’adore. La tète remplie des idées les plus romanesques, il lui semble, au milieu de son esclavage, qu’elle est dans la position de ces femmes mariées qu’une surveillance impitoyable retient loin de leurs amants, et qui n’ont que de rares Instants à leur accorder. La malheureuse se faisait illusion, elle était mariée avec la honte ; on ue la surveillait pas, "mais on l’exploitait. In jour qu’elle fait toutes ces confidences à M. Crochard, celui-ci , qui entrevoit de plus grands bénéfices pour son amour dans la réalisation du

rêvede Mariette, l’engagea abandonner la maison (|u’elle habite pour demeurer avec lui. « Sans toi je ne puis vivre, lui dit-il. — .le meurs éloignée de toi , " lui ré|)ond-elle. Dès cet instant Mariette devient la maîtresse d’un voleur.

En changeant de condition, elle change aussi de domicile. Le taudis qu’elle loue s’appelle un garni ; une chambre obscure, dans un de ces immenses phalanstères du vice que, dans un but de prévoyance, la police tolère au milieu de la Cité, abrite le couple nouveau. Mariette n’a fait que changer de tyrannie : sa liberté consiste A aller la nuit exercer la mendicité du carrefour. Elle a non-seulement un amant , mais encore un trésorier sans pitié, ipil sait coinliieii de fois le soir elle monte les marches 32 l„s.