Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/434

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lalifs de tiépai’l, et le garçon épicier, debout sur sa porte, le nez et le tablier lo-Iroussés, regardant tout d’un air f ;o ;;uenard et bon enfant, complète par sa présence la physionomie de Paris à sept heures du matin.

Mais voici venir «ne femme : au milieu de celte blême population en cornette cl en casaquin, en jupons courts et en mouchoirs chiffonnés, déshabillé de femmes de chambre et de bonnes d’enfanis, débraillé nialiiial de la domesticité, cette femme est une anomalie, elle fait tache. Sa lifîure calme et reposée, son œil clair, sa démarche déjiagée, tout annonce qu’elle est déj’a levée depuis lonslemps. Sa toilette est irrépi nchable ; l’observateur le plus rigide, le moraliste le plus scrupuleux ne trouverai ! rien h reprendre à son ajustemeni, au point de vue de la décence et de la sévérité, .lamais bonnet de mousseline fanée ne fut plus symétriquement posé sur cheveux plus problématiques. Jamais fichu ne fut mieux joint, jamais guimpe ne fut plus inflexible. lUen dans la tournure, dans le visage ou dans les vêtements de cette femme, ne laisse transpirer le plus petit indice de passion ou de vie accidentée. S’il est vrai que le visage conserve quelque empreinte des affections de l’âme, des lendances de l’esprit ; si les blessures intérieures ouvrent une plaie visible, si la vie déteint au dehors, si le cœur de l’homme, semblable "a ces vases d’airain dans lesquels les négociants de Smyrneoude Constantinople renferment les essences d’Orient laisse toujours arriver h nos sens quelque émanation fugitive du parfum le mienv conceniré ; en un mot, si chacun porte en soi le cachet indélébile de sa profession, de ses habitudes, de ses vertus ou de ses vices, nous ne saurons trop quel rang assigner h celle femme, quels souvenirs évoquer a sa vue. quels fanlômes faire snrgir autour d elle.

Voyez-la : elle est seule ; elle marche dans la rue, dnn pas tranquille, mais réglé. Rien n’annonce qu’elle s’empresse. Ce n’est point l’ouvrière qui se rend au travail journalier ; elle n’a rien de l’effronterie mutine de la femme de chambre : elle passe sans répondre au sourire amical don ! chaque apparition nouvelle est saluée ; elle n’est pas du quarliei-, car elle semble ne connaître personne. Elle seule est vêtue parmi ces quelques femmes couvertes ’a peine du vêtement de la nuit ; son regard est calme et sans voile, Iniidisque chacun autour d’elle semble en guerre ouverte avec le sommeil, nuelle csl-elle donc ? Son visage, empieinte usée, n’offre a l’analyse aucun signe saillaiil ; son costume ressemble, à bien peu de chose près, au costume habituel de la femme du peuple. Elle a pourtant dans son arrangement plus d’uniformité que la bonne, moins <ropulence que la bouquelicre, plusdc sévérité que la grisette. Elle est propre, mais d’une propreté froide et triste à voir. Eh bien ! celle femme, qui n’est ni bourgeoise, ni commerçante, ni cuisinière, ni grisette ; celle femme, qui a moins de cinqunnie ans cl plus de trente ; celle femme, qui ne sourit pas au commérage matinal des gazeliers en jupons ; celle femme, que le concierge vigilant d’une maison de simple apparence saine à son entrée d’mi bonjour al’fnble ei d’un geste amical, c’est la femme de ménage.

La femme de ménage est une création loule parisienne. S’il en exisie ailleurs qu’à Paris, c’est que rien au monde ne saurait empêch<"r l’exporlation. La femme de ménage est en province ce que S(MiI nos livres en lîel^iiqne : des éditions conlieliiiles.