Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/85

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hrantiie aînée avait conservé toutes ses synipalliios, et par conséquenl une ^iieire h mort avait été iléclaréo par la marquise à la royauté de la hraiiilie cadette. Madame de l)ivindn)il pai taïeail son temps "a peu près ésalemcnt entre les plaisirs de Paris et une très-belle liahilalion , une masnititiuc terre quelle possédait sur les confins de la Pieanlie et de l’.Xrtois. A Paris, madame de Divindroit recevait toutes les notaliililés polili(pies dont elle partaiieait les croyances ; elle les réunis.sait à certains jours, dans des dîners que la police , disait-elle , surveillait d’un d’il inijuiel et vigilant. Au dessert, elle renvoyait les domestiques ; elle tlieicliait à transformer ses espéraneesen réalités d’un avenir peu éloiané. Klle parlait de la forme de gouvernement qu’il faiidrail adopter le jour où ses espérances seraient réalisées ; elle se lançait alors dans des disscrialions de haute politii|ue et d intérêts européens, pour lesquels elle inventait une nouvelle balance, dissertations qu’elle animait de sji seule parole et dont elle faisait Ions les frais. A ses amis les plus intimes, elle montrait des lettres (l’Alleinaiiie, des boucles de cheveux précieux, des écritures chéries. Klle avait lies actions de l’emprunt de don Carlos et de celui de don Miguel , et célébrait religieusement tontes les fêtes politiques que le calendrier de la nouvelle royauté n’avait [)as conservées. Quand le roi des Français prenait le deuil, elle se niellait en lose, et se revêtait de noir pour tous les deuils que la nouvelle cour de France jugeait à propos de méconnaître. Dans son salon de Paris étaient rassemblés tous les journaux et toutes les brochures le plus opposés a l’ordre de choses établi ; elle recevait ses ennemis les plus farouches, ceux (|ui .se font condamner à la prison pour leur polémiijue mordante, et ceux qui se refusent aux honneurs de la garde nationale. Hcs bustes proscrits décoraient sa cheminée , et dans une petite bourse en soie verte et argent elle gardait soigneusement des pièces de monnaie à l’empreinte séditieuse.

Tel est le rôle, telle est la conduite de l’Égérie opposante pendant .son séjour h Paris ; elle a des amants ])olili(ines dont elle surveille la manière de penser : elle s’occupe de leur salut, elle les envoie aux sermons et aux oftices ; c’est une femme qui moralise la démoralisation.

Quand l’été arrive, madame de Divindroit quitte Paris , et vient se lixer pour six mois dans sim château. Là. maîtresse et souveraine, elle tracasse le maire de sa commune , inquiète le préfet de son département , met des entraves dans les l’oues du char électoral , et se fait bénii- des |)a>sans de son canton, dont elle soulage la misère et les maux, et auxquels elle apprend ’a se délier du ïouvernement. Les parterres de son parc sont lemplis de lis ; elle entend la messe dans la chapelle de son château . et chante elle-même d’une voix retentissante un Domine salviim (|ui ferait frémir lelieutenant de gendarmerie de son arrondissement s’il l’entendait. Elle donne deux fêtes dans l’année aux populations (|iii entourent ses domaines, l’une "a la Saint-Henri, l’autre li la Saint-Louis. Ces jours-là, les gentilshommes du voisinage sont invités à dîner, et Dieu sait quels (oasis effrayants de légitimité font vider les verres des convives, quelles chansons séditieuses font retentir les échos de la salle "a manger. La marquise de Divindroit a été compromise dans deu.x conspirations : poin- l’une elle avait brodé un drapeau . pour l’autre elle avait donné des cocardes fabriquées