Page:Les Gaietés de Béranger.djvu/156

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Le Catalan près de nos preux s’avance,
Et malgré l’ordre on le laisse approcher.
Lors il leur dit : Eh ! qu’ont fait pour la France,
Tous vos succès qu’elle paya si cher ?
Que lui sert-il de fatiguer l’Histoire,
À répéter vos marches, vos combats ?
Soldats, etc.

Un roi couvert d’une gothique rouille,
Insolemment vient vous tyranniser,
Et vous tremblez sous un sceptre en quenouille
Qu’un faible enfant suffirait à briser ;
À vos exploits je refuse de croire,
Puisque la peur enchaîne encor vos bras.
Soldats, etc.

Au mot de peur, nos guerriers en furie
Allaient lancer un plomb sûr et mortel ;
Mais l’Espagnol, sans s’émouvoir, leur crie :
Ce n’est pas moi qui dois rougir l’autel.
Si l’honneur veut un sang expiatoire,
À vos tyrans envoyez le trépas !
Soldats, etc.

Comme le vent chasse un léger nuage,
De nos guerriers le courroux a passé,
Et le Français répond avec courage,
À l’Espagnol qu’il tenait embrassé :
La Liberté repassera la Loire,
Nous la suivrons, vieux et jeunes soldats,