Page:Les Gaietés de Béranger.djvu/78

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Rien qu’à l’tenir, vous qui prisez
L’cœur de messieurs les hommes,
J’suis en âge d’avoir un amant,
Dit’s-moi donc, ma marraine,
Comment,
Comment qu’y faut qu’je l’prenne ?

J’vois deux morveux qui m’font la cour
Se frotter à ma jupe ;
L’un a l’nez long, l’autre a l’nez court,
Et c’est là c’qui m’occupe ;
Ces deux morveux sont bien tournés ;
Dit’s-moi donc, ma marraine,
Est-ce au nez,
Au nez qu’y faut qu’je l’prenne ?

L’un est brun, bien dru, bien droit,
Plein d’esprit et d’bravoure ;
Ôtez-lui la main d’un endroit,
Dans un autre il la fourre ;
Dru comme il est, j’aurais d’son cru ;
Dit’s moi donc, ma marraine,
Est-ce le dru,
Le dru qu’y faut que j’prenne ?

L’autre est un roux dur et sournois,
Tout frais v’nu de sa province,
Qui n’me fait rien qu’en tapinois,
Qui m’chatouille et qui m’pince ;
Dur comme il est, c’est un homm’sûr ;