Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
LES JÉSUITES


lequin en le baisant et en soupirant, je commence à comprendre tes raisons et à en goûter la solidité. Adieu, je te quitte.

Le père Bourdaloue qui avoit voulu entendre la fin des railleries diffamatoires des deux messieurs qu’il connoissoit, entra dans la maison de madame de… et, l’ayant trouvée couchée sur un tapis à la manière des Turcs, il se mit auprès d’elle fort rêveur et comme en colère. La belle, voyant que son jésuite gardoit le silence plus qu’elle ne le vouloit, le rompit en lui disant : — Hélas ! mon révérend père, à quoi rêvez-vous, et qui peut vous fâcher de la sorte ? Ne perdons point de tems, je vous prie. — Ah ! madame, repartit le religieux d’un air triste, donnez-vous un moment de patience, vous aurez contentement quand vous m’aurez écouté. — Parlez donc vite, mon père, car… reprit la dame, qui commençoit à s’étendre en lui tendant les bras. — Que voilà qui est lascif, ma chère sœur, répondit le père, en la regardant amoureusement ; mais vous me donnerez pourtant le tems, s’il vous plaît, de vous dire mon chagrin, avant que… Des paroles profanes, diffamatoires, que je viens d’entendre dire contre la sainte société par deux impies que j’ai rencontrés dans votre rue, continua-t-il, en faisant le bigot, m’ont percé l’âme de mille coups, aussi bien que mille faussetés que ces scélérats ont dites contre la réputation du grand duc de Luxem-