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LES JÉSUITES


péchés, et qui nous reproche jour et nuit. — Que vous êtes bonne, revenez de ces bagatelles, madame, qui travaillent votre foible sexe au dernier point, repartit le religieux en riant ; vous vous faites des monstres pour les combattre. Dans quelle vue faites-vous ce que vous faites pour moi ? par amitié et par un motif de charité ; ce n’est tout au plus qu’un péché philosophique. Voilà une belle affaire ; confessez-vous souvent, et je vous assure que je vous donnerai assez d’indulgences pour expier de bien plus grands péchés. — Vous les prenez donc tous sur vous, mon père, répondit la dame un peu plus tranquille ; mais, qu’appelez-vous un péché philosophique ? Je n’entends pas encore cette définition. — Ma chère sœur, reprit le jésuite d’un ton de pédant, un péché philosophique est de faire du mal selon le monde pour un bien ; par exemple, le maréchal de Luxembourg que j’ai confessé au dernier soupir de sa vie avoit signé un papier au diable pour avoir plus de tems de servir le roi son maître ; voilà une bonne action où je ne vois pas de crime capital. — Mais que signifie encore, mon père, dit la marquise, un péché théologique ? — Le péché théologique, madame, reprit le père, c’est de pécher contre la divinité, comme font les blasphémateurs qui prennent le nom de Dieu en vain, et les impies qui le profanent journellement. Nous en avons encore d’autres