pagne dans un vieux château, qui est en
Normandie, que l’on appelle le séjour de Robert-le-Diable,
pour rendre grâce au diable
de ses victoires en l’adorant. Tous les plus
grands magiciens et sorciers de l’Europe s’y
assemblent en rendez-vous nocturne, avec
les principaux démons de l’enfer, qui est
ouvert cette nuit-là, à cause des diablotins
et lutins qui montent et descendent en l’abîme
pour apporter les registres et les sentences
qu’on leur a fait voir. De plus ce
fameux capitaine avoit des esprits familiers
à lui qu’il avoit pris dans cette assemblée
infernale qui lui servoient d’espions à l’armée,
et de pages à porter des billets doux
aux dames, et qui ne lui coûtoient pas beaucoup.
— Bon, la grande affaire, répliqua le
jésuite en éclatant de rire, des esprits familiers,
il n’y a rien de si joli que ces petites
créatures qui savent tout ce qui se
passe dans l’univers. Hélas ! que feroit notre
société, ajouta-t-il, sans le secours de ces
lutins qui nous rapportent fidèlement tout
ce qui se passe dans la chrétienté où, comme
vous savez, il y a partout des jésuites en
grand nombre. — Il n’y a donc, mon père,
répliqua la dame fort attentive, que les pères
de la compagnie de Jésus qui possèdent des
esprits de cette nature ? — Oui, madame, dit
le père Bourdaloue sérieusement, tous les
ordres des autres religieux ont fait tout leur
possible afin d’engager ces petites divinités
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LES JÉSUITES