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Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/29

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révéler : mais les connoissances humaines sont heureusement parvenues au point, qu’on s’apperçoit facilement qu’il n’y a plus de mystères, & que toute la politique des potentats consiste à être riches & à entretenir de bonnes armées. D’ailleurs l’intérêt des princes ou des nations doit se réduire à deux principes, savoir, l’intérêt vrai & l’imaginaire. Celui-ci se trouve, lorsque le prince met son bonheur & celui de son peuple dans des choses, qui ne peuvent s’exécuter qu’au préjudice des autres nations, qui ont un intérêt sensible à s’y opposer. L’intérêt vrai, est ou variable ou invariable. Ce dernier consiste dans la situation du pays, sa qualité & l’inclination naturelle des habitans : au lieu que le premier se détermine sur les dispositions des états voisins, l’accroissement ou la diminution de leurs forces.

De ces principes, il suit que, suivant le discernement des rois guidés par leurs ministres, les états foibles deviennent puissans & les puissans deviennent foibles. Après la mort d’Edouard III, vainqueur de la France & après celle de Charles V son restaurateur, on vit bien que la supériorité d’une nation ne dépend que de ceux qui la conduisent. Il n’y a que des ministres ignorans ou bien